DEUX JOURS A BAYEUX

Rendez-vous était donné pour ce samedi 3 septembre, sur le parking de l’aire de co-voiturage à la sortie du pont de Brotonne. Nous étions 10 voitures, 18 participants. Le succès de cette sortie de deux jours est en léger recul pour cette année. Un petit café en signe de bienvenue nous est offert.                                  

Puis nous avons pris la route en direction de Bourneville, Pont-Audemer, Pont-l’Evêque pour atteindre Bénouville, où une petite halte est faite pour observer le café emblématique de ce village, premier café libéré lors du débarquement en Normandie.                    

Nous sommes pratiquement arrivés pour notre déjeuner au restaurant ‘’La Glycine’’ où un excellent déjeuner nous fut servi dans un cadre très agréable. Après ce premier repas, nous reprenons nos véhicules pour se diriger vers Douvres-la-Délivrande pour la visite d’un site exceptionnel.

Le Musée Radar, appelé Station Radar 44, présente dans deux bunkers réaménagés des espaces muséographiques exposant la vie de la station et des Douvrais ainsi que l’histoire du radar.

Le premier bunker, de type H 622, visitable est un abri pour deux groupes de combat, soit 20 hommes. Les Allemands disposaient de tout un catalogue de fortifications où chaque type d’ouvrage était standardisé. Cette standardisation permettait la construction et la dotation rapide en matériel des bunkers. Ainsi une porte blindée présente à Douvres était la même que celle dans un bunker en Norvège, aux Pays-Bas ou dans le Sud de la France.

A Douvres ne subsistent que quelques traces dans les murs des ouvrages. L’ensemble des éléments des bunkers ont été pillés à la Libération, pour les besoins de la population ou fondu par les ferrailleurs pour la reconstruction. Le bunker réaménagé présente dans les deux pièces des informations sur Douvres pendant l’Occupation, la libération du site, les opérations de déminage et enfin une grande maquette matérialisant l’emprise physique de la station radar d’époque.

Mais le véritable symbole du musée est le radar Würzburg présent sur le site en 1944, en deux exemplaires qui fonctionnaient en binôme, l’un pourchassant les avions alliés, l’autre guidant les avions allemands.Le radar Würzburg-Riese (Géant), permet grâce à sa parabole de 8 mètres de diamètre de poursuivre des avions jusqu’à 80 kilomètres. 1500 exemplaires ont été produits au cours de la guerre.

L’ensemble des radars présents sur le site ont été détruits au cours des combats. Le radar présenté aujourd’hui provient d’une autre station, où l’avait récupéré le professeur Yves Rocard, père de la radioastronomie française, pour en faire un radiotélescope installé à Meudon, et par la suite à Nançay. Au début des années 90, des contacts entre le centre de recherche de Nançay et le Mémorial de Caen ont permis l’acquisition de ce radar, devenu obsolète pour la radioastronomie. La ville de Caen et le Mémorial ont assuré sa restauration à l’identique et son installation au Musée Radar de Douvres, créé en 1994 à l’occasion du 50ème anniversaire du Débarquement.

Après cette surprenante et forte intéressante visite nous reprenons nos véhicules pour rejoindre notre lieu de résidence à Bayeux, l’Hôtel de Brunville, situé en plein cœur de la ville. En chemin nous faisons un crochet par la célèbre batterie Allemande du mur de l’atlantique à Longues-sur-mer. Partiellement épargnée le 6 juin 1944 et depuis conservée en l’état, cette dernière composée de 4 casemates abritant chacune un canon de marine de 150 mm et d’un poste de direction de tir, a servi de cadre au tournage en 1962 du non moins célèbre film à la distribution exceptionnelle « Le jour le plus long ».

Cette ville n’est pas très étendue, du moins dans sa partie historique et intéressante. De très belles maisons à pans de bois et très bien restaurées nous sont apparues, la ville de BAYEUX ayant été miraculeusement épargnée pendant la seconde guerre mondiale.

Prévenu à la dernière minute (2 jours avant notre départ), Joëlle et Daniel ont appris que le chef du restaurant de notre hôtel où nous devions prendre nos repas, était malade. L’hôtel a proposé des restaurants de substitution en ville, heureusement proches de notre hôtel.

Le restaurant pour le soir, l’Assiette Normande, au pied de la cathédrale, nous a réservé quelques surprises désagréables. Il a fallu que Daniel aille élever la voix pour avoir un menu acceptable, sans oublier ‘’l’excellent’’ vin en carafe qui fut vite rejeté par les convives. Finalement nous avons pu dîner à peu près correctement mais sans comparaison avec l’excellent déjeuner du midi. Un retour pédestre à notre hôtel nous a permis d’oublier et de passer une excellente nuit, car le lendemain matin nous devions nous rendre à 9h à la cathédrale de Bayeux, les visites n’étant pas autorisées durant les offices.

Après un bon petit déjeuner, nous partons donc à pied pour rejoindre la Cathédrale toute proche de l’hôtel.

Bayeux est une ancienne ville romaine, qui a reçu dès le IVe siècle son premier évêque. C’est seulement au XIe siècle qu’a été construite (ou reconstruite) une grande cathédrale, dans le style roman.

La cathédrale romane a été édifiée sous deux évêques appartenant à la famille des ducs de Normandie : Hugues d’Ivry et Odon de Conteville, demi-frère de Guillaume le Conquérant.  Cet édifice était aussi vaste que la cathédrale actuelle. Il en reste encore plusieurs éléments : la crypte et les tours de façade, rhabillées à l’époque gothique. La construction de la cathédrale romane a été grandement facilitée par les conséquences de la conquête de l’Angleterre, racontée par la Tapisserie de Bayeux, dont Odon fut le commanditaire. Odon devint l’un des plus riches seigneurs de l’Angleterre et en fit bénéficier sa ville épiscopale. La cathédrale fut solennellement dédicacée le 14 juillet 1077.

Cette cathédrale romane fut en grande partie détruite en 1105, lors de la guerre civile opposant les fils de Guillaume le Conquérant. On commença à la reconstruire rapidement, toujours en style roman et de cette campagne subsistent les grandes arcades de la nef, avec un décor très intéressant, et notamment les écoinçons. Plus tard, dans la seconde moitié du XIIe siècle, les travaux allaient se poursuivre dans le nouveau style gothique, venu d’Île-de-France.

La cathédrale de Bayeux est donc pour l’essentiel une cathédrale gothique du XIIIe siècle qui fut édifiée en plusieurs étapes à partir de 1204, date de la reconquête de la Normandie par le roi de France Philippe Auguste. La plus grande partie de l’édifice fut cependant construite sous le règne de Saint Louis.

À la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle, on construisit les chapelles latérales de la nef. Puis les travaux furent en grande partie interrompus pendant la guerre de Cent Ans (1337-1453). Il faut cependant signaler la construction de la bibliothèque du chapitre qui eut lieu à cette époque, sous l’occupation anglaise. C’est l’une des rares bibliothèques de cette nature à subsister de nos jours.

La cathédrale de Bayeux souffrit beaucoup des guerres de religion. Elle fut vandalisée en 1562. On détruisit alors les stalles, l’orgue, l’ensemble du mobilier et de la statuaire. L’évêque et le chapitre entreprirent de reconstituer tout ce qui avait disparu dès la fin du XVIe siècle, sous le règne d’Henri IV.

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la cathédrale a beaucoup moins souffert de la Révolution que des guerres de religion. Le mobilier a été conservé et même l’orgue a pu être sauvé de justesse en 1797. Après la réouverture de l’édifice au culte, la cathédrale fut alors l’objet d’une restauration à partir de 1804.

Les travaux les plus importants du XIXe siècle concernent la tour centrale. Dès lors, on peut songer à construire une nouvelle tour centrale, pour couronner l’étage du XVe siècle, qui n’avait pas été détruit. Ce dernier étage est réalisé en style néo-gothique par l’architecte diocésain, Gabriel Crétin (1866). Il est surmonté par un dôme métallique, qui n’allait pas peser trop lourd sur la croisée du transept. La cathédrale gothique a enfin reçu ses trois tours, culminant à environ 75 mètres. C’est la configuration qui avait été prévue par les architectes du XIIIe siècle. On peut considérer que la cathédrale de Bayeux est vraiment terminée au milieu du XIXe siècle.

Aujourd’hui, nous avons donc affaire à un édifice qui est le résultat d’une histoire complexe. Commencée à l’époque romane, la cathédrale de Bayeux est dans l’ensemble une église gothique. Comme sa construction s’étale du XIIe au XVe siècle, on y retrouve les différents styles de cet art : gothique premier, gothique rayonnant et gothique flamboyant. En réalité, la plus grande partie de la construction est concentrée dans les années 1230-1270. L’édifice présente ainsi une assez grande unité de style : c’est une cathédrale gothique du XIIIe siècle.                             

Après la visite très intéressante de cette cathédrale, trois options de musées à visiter nous étaient ensuite proposées, soit le musée de la Tapisserie de Bayeux, soit le musée de la Bataille de Normandie, soit enfin le musée d’Art et d’Histoire.

Le groupe s’est alors scindé en trois, selon les choix de chacun :

Le Musée de La Tapisserie de Bayeux se découvre dans une galerie sombre où seule l’œuvre est en lumière. Après la découverte de l’œuvre, le parcours de visite se prolonge par une exposition permanente évoquant les secrets de sa réalisation, son contexte historique et le royaume anglo-normand au XIème siècle.

Chef d’œuvre de l’art roman du XIème siècle, la Tapisserie de Bayeux (en réalité une broderie) a probablement été commandée par l’évêque Odon, demi-frère de Guillaume Le Conquérant, pour orner sa nouvelle cathédrale à Bayeux en 1077 où elle fut d’abord exposée. Elle raconte les évènements de la conquête de l’Angleterre par le duc de Normandie.

Le récit de la Tapisserie de Bayeux commence en 1064, lorsque le roi d’Angleterre, Edouard le Confesseur, charge son beau-frère, Harold Godwinson, de se rendre en Normandie afin de proposer à son petit cousin, Guillaume, sa succession sur le trône d’Angleterre. Même si la fin de la broderie est manquante, l’histoire se termine par la fuite des Anglo-saxons à la fin de la Bataille d’Hastings en octobre 1066.

La Tapisserie de Bayeux est un témoignage de l’époque médiévale en Normandie et en Angleterre, qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Elle donne des informations sur l’architecture civile et militaire telle la motte castrale, l’armement constitué de casque nasal, haubert, bouclier oblong, la navigation empreint d’un héritage viking et tout ce qui concerne la vie quotidienne ainsi que de nombreux éléments évoquant la vie quotidienne du XIème siècle.

Le Musée Mémorial de la Bataille de Normandie : Situé à quelques kilomètres des plages du débarquement, ce musée expose au visiteur les étapes clés du conflit, l’avancement jour par jour des forces en présence. Une étape essentielle avant de se rendre sur le lieu des différents sites de mémoire de l’été 1944. Inauguré en 1981, le musée est implanté au cœur même d’un des lieux stratégiques de la Bataille de Normandie : la ville de Bayeux, première ville de cette taille à passer sous contrôle allié le 7 juin 1944 pendant la bataille de Normandie. Au cœur du « pôle mémoire » de la ville, dénommé Liberty Alley, le musée se situe tout près du jardin mémorial des reporters de guerre et du cimetière militaire britannique.

Après une évocation du D-Day, les opérations militaires sont décrites une à une, illustrées par des vitrines mettant en avant les soldats alliés, allemands et leur matériel (canons, véhicules, uniformes…). Au sein du parcours muséographique, le film d’images d’archives « Normandie 44, Victoire décisive à l’Ouest » et le diorama géant de la poche de Falaise-Chambois invitent le visiteur à remonter le temps. Dans le parcours du musée, le choix des objets et matériels a été fait dans le souci de présenter un échantillonnage des plus caractéristiques, utilisé par les différents belligérants durant la bataille. Mais chaque objet a une histoire…

Le Musée d’Art et d’Histoire de Bayeux : Situé à côté de la cathédrale, dans le centre historique de Bayeux, le MAHB et ses collections se visitent au sein de l’ancien palais épiscopal (XIe –XVIe siècle). On découvre en 14 étapes, des collections exceptionnelles abordant tous les aspects de la création artistique en Europe, de la Préhistoire jusqu’au XXe siècle, avec en arrière-plan l’histoire de la cité.

Parmi la richesse de ses collections d’art et d’histoire : 600 œuvres d’art dont 250 peintures et estampes (Philippe de Champaigne, François Boucher, Gustave Caillebotte, Eugène Boudin, Kees Van Dongen…), 1000 pièces de porcelaine et de dentelle de Bayeux, 800 pièces archéologiques et ethnographiques… Protégé au titre des Monuments Historiques, l’écrin du musée, le palais des évêques, compte parmi les résidences urbaines les plus remarquables de la région.

Pour guider le cheminement du visiteur et faciliter la compréhension des œuvres, le parcours muséographique est organisé de manière chronologique autour de 14 sections réparties sur deux niveaux : le rez-de-chaussée regroupe 5 étapes allant de la Préhistoire à la Renaissance et l’étage compte les 9 étapes suivantes, relatives aux collections du XVIIe au XXe siècle.

Le palais épiscopal de Bayeux occupe avec ses dépendances un large espace au cœur de la cité. Sa structure complexe est le fruit de phases successives d’agrandissement du XIe à la fin du XVIIIe siècle.

Après ces différentes visites, le regroupement se faisait devant la cathédrale où une surprise nous attendait. La messe du jour se déroulait avec le concours de la corporation St Fiacre, patron des jardiniers. Cette association a pour but de maintenir, conserver et mettre en valeur les produits locaux et oubliés.

Nous sommes alors partis, toujours à pied, vers notre déjeuner. Celui-ci eut lieu au restaurant du Lion d’Or dans un cadre magnifique où un excellent déjeuner nous fut servi (grosse différence par rapport à notre dîner de la veille !!!). Finalement tout s’arrange et nous terminons donc sur une très bonne note.                              

Après ce superbe déjeuner, nous avons repris la route en commun par notre itinéraire de l’aller et nous nous sommes retrouvés pour un dernier verre à Pont-Audemer. Chacun est alors ensuite retourné vers son logis. Un grand merci à Joëlle et Daniel pour la parfaite organisation de ces deux journées.

                                                                                                    Virginie et Philippe Des Croix

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