La bougie d’allumage

La bougie d’allumage est un dispositif électrique présent sur les moteurs à allumage commandé provoquant l’inflammation du mélange gazeux dans la chambre de combustion. Pour cela, elle doit pouvoir générer des milliers d’arcs électriques par minute tout en résistant à la chaleur et à la pression engendrée par les explosions à l’intérieur du cylindre.
La bougie d’allumage fait son apparition en 1876 sur un moteur Lenoir mais prend réellement de l’ampleur en 1902, lorsque Bosch la combine à une magnéto haute tension.

Histoire
L’allumage d’un mélange air-carburant par une étincelle est préconisé par l’Italien Alessandro Volta, en 1777, puis par François Isaac de Rivaz pour le moteur à combustion interne, appelé communément « moteur à explosion » en 1807. En 1885, le Belge Étienne Lenoir, alors occupé à la conception de moteurs thermiques — technique de propulsion automobile tout juste née de l’application pratique du cycle thermodynamique de Beau de Rochas — invente un système d’allumage, très proche des bougies d’allumage actuellement utilisées, nécessaire au fonctionnement de ces derniers.
Ce n’est qu’en 1902, à une époque où les automobiles sont en plein essor, que la fabrication des bougies prend réellement de l’ampleur. Cette année-là, le constructeur allemand Robert Bosch livre ses premières bougies d’allumage, dont il avait déposé le brevet en 1894, et la première magnéto haute tension, permettant d’apporter la solution au problème majeur d’allumage des moteurs thermiques. Plus d’un siècle plus tard, Bosch demeure le premier producteur mondial de bougies d’allumage.

Anatomie
La partie supérieure de la bougie est munie d’un embout de connexion permettant de la relier à la sortie haute tension du système d’allumage. Cet embout métallique (généralement en cuivre) assure la conduction électrique. Son extrémité filetée est le plus souvent vissée à un écrou de forme olivée, qui la recouvre complètement et se fiche dans le connecteur du système d’allumage. Sa forme empêche toute déconnexion intempestive due aux vibrations du moteur ou à l’état de la chaussée.

Les électrodes sont des conducteurs électriques reliés indirectement à la batterie du véhicule entre lesquelles est générée, en raison d’une haute tension à leurs bornes, l’étincelle nécessaire à l’inflammation du carburant. L’écartement des électrodes est fixé par le constructeur du moteur en fonction du taux de compression, du carburant utilisé, de la puissance de la bobine d’allumage et de l’énergie escomptée. L’électrode située dans l’axe de la bougie est dénommée « électrode centrale » ; elle est nécessairement unique. Les électrodes en regard de celle centrale sont dénommées « électrodes de masse ».
En raison des réactions chimiques induites par la combustion des gaz, de la chaleur dégagée par l’explosion et de celle générée par les arcs électriques, les électrodes doivent résister à des effets de corrosion importants. C’est la raison pour laquelle elles sont généralement recouvertes d’alliages résistant au hautes températures composés de nickel, d’argent ou de platine. Elles peuvent être soumises à une usure excessive, voire fondre lors de surchauffe. Des électrodes trop chaudes sont susceptibles d’entraîner un pré-allumage du moteur, source de grandes détériorations du piston. La plage de fonctionnement normal des électrodes est de 450 à 850 °C.

Coupe d’une bougie d’allumage.
De nombreux dépôts peuvent également se former sur les électrodes de la bougie, diminuant grandement ses capacités. Des dépôts carbonés se forment lors d’un usage prolongé du starter, d’un allumage faible ou retardé lorsque le taux de compression est faible ou encore lorsque la bougie est trop froide (en dessous de 450 °C). Les moteurs plus récents sont sujets à d’épais dépôts d’additifs dus aux carburants modernes. Les bougies peuvent être encrassées lors d’un problème d’huile.

  • L’isolateur

Comme l’indique son nom, l’isolateur est un isolant électrique. Il est placé entre l’électrode centrale et le corps de la bougie. La d.d.p entre les deux varie entre 10 000 V et 30 000 V. Il permet d’éviter qu’un arc ne se crée entre l’électrode centrale et le corps de la bougie ailleurs qu’aux électrodes de masse.
L’isolateur doit donc avoir de bonnes propriétés diélectriques :
•  une grande rigidité diélectrique pour éviter qu’un arc ne se crée au travers de l’isolateur et ne le perfore ;
•  une bonne résistivité superficielle pour éviter la formation de courants de surface. Comme cette résistivité est fortement dégradée par l’humidité et la pollution, la plupart des fabricants dessinent des ondulations sur la surface de l’isolant afin d’augmenter la ligne de fuite (distance que l’étincelle aurait à parcourir à la surface de l’isolateur) évitant ainsi les court-circuits.
L’isolateur doit également posséder de bonnes propriétés thermomécaniques :
•    il doit être capable de résister à des températures proches de 900 °C ;
•    il doit avoir une bonne conductivité thermique pour évacuer la chaleur ;
•  enfin, en raison des manutentions éventuelles lors du changement de bougies, aux vibrations du moteur, aux variations de températures rapides, mais surtout en raison des pressions régnant dans la chambre de combustion, la résistance à la rupture de l’isolateur doit être suffisamment importante afin d’éviter que ce dernier ne se fendille, voir rompe. L’électrode centrale est ainsi recouverte d’un isolant en céramique.

  • Le culot

Le culot d’une bougie est généralement en acier, faiblement additionné de soufre ou de manganèse. Le filetage extérieur, réalisé séparément, subit un contrôle de qualité sévère afin de s’assurer que les tolérances d’usinage sont respectées.

Fonctionnement

Principe
La bougie d’allumage est un élément du système d’allumage du moteur à allumage commandé. Elle permet la création d’un arc électrique — ou étincelle — grâce à la haute tension, fournie aux électrodes par la bobine au moment où le système de rupteurs le commande, permettant la combustion du mélange gazeux, libérant ainsi l’énergie. En effet, pour créer l’inflammation d’un fluide ou d’un solide, il est nécessaire de remplir les conditions du triangle du feu, à savoir la présence conjointe d’un comburant, d’un combustible et d’une source de chaleur, ou énergie d’activation. Dans un moteur, le comburant est l’air, le combustible, l’essence, et la source de chaleur est apportée par la bougie d’allumage.
La tension nécessaire pour déclencher l’arc électrique est de l’ordre de 10 kV pour un taux de compression voisin de 10. À la pression atmosphérique, cette tension de claquage serait 10 fois plus faible. Dès l’ouverture du circuit d’alimentation, la tension aux bornes du circuit primaire de la bobine ne cesse d’augmenter jusqu’à atteindre la tension d’ionisation, nécessaire à la création de l’arc électrique.
Dissipation de la chaleur
Schéma de dissipation de la chaleur d’une bougie d’allumage.
La bougie doit également évacuer la chaleur vers la culasse. En effet, l’électrode, et plus généralement tout élément en contact avec le mélange présent dans la chambre de combustion, ne doit pas devenir un point chaud, sous peine de créer des problèmes d’auto-allumage. C’est pourquoi :
•   l’isolant électrique doit avoir une bonne conductivité thermique ;
•  le contact de la bougie avec la culasse doit être parfait. Cette condition est obtenue en serrant la bougie au couple en utilisant, idéalement, une clé dynamométrique. Pour mémoire, le couple de serrage est généralement compris entre 10 et 30 Nm. Néanmoins, il ne s’agit que de données standards, variant selon le type et la dimension des bougies.
L’essentiel de la chaleur, près de 75 %, s’évacue au niveau du filetage et de la bague d’étanchéité. Le reste de la chaleur est dissipée par la partie supérieure de la bougie jusqu’à la culasse. Un indice thermique est établi afin de déterminer la réponse de la bougie à des températures moteurs différentes. Les bougies d’allumage « froides » ont un coefficient thermique faible, une faible absorption de chaleur et une bonne dissipation thermique. Elles sont donc destinées aux moteurs de hautes performances, soumis à des températures élevées, tandis que les bougies d’allumage « chaudes » possèdent un coefficient thermique élevé, une grande absorption thermique et une faible dissipation de chaleur. Elles équipent les moteurs de rendement plus faible.
Concrètement, on fait varier l’indice thermique d’une bougie en jouant sur la longueur du bec d’isolant: le bec est plus long pour une bougie chaude. Dans une bougie froide, le trajet entre l’électrode, l’isolant et le culot est plus court.

Bougies et carburants
Bien que les bougies soient habituellement destinées à des moteurs à essence, il n’est pas rare qu’elles doivent fonctionner avec d’autres carburants comme le kérosène, le gaz de pétrole liquéfié ou le gaz naturel. L’indice thermique de la bougie et la distance entre les électrodes doivent alors être adaptés aux conditions d’inflammation du carburant.

Emplacement des bougies
Généralement, dans un moteur à combustion interne classique, la bougie d’allumage est vissée dans la culasse au centre du siège de soupape, c’est-à-dire au centre de la zone délimitée par le cylindre dans lequel coulisse le piston et entre les soupapes. Néanmoins, il arrive que la bougie se situe sur le côté de la chambre. Ce système utilise une préchambre de combustion, nécessitant une position décalée de la bougie, dans lequel est injecté un mélange riche permettant de réaliser une meilleure combustion avant la propagation du front de flamme dans la chambre, dont le mélange est plus pauvre.

Perfectionnement
Les dépôts carbonés sur les bougies sont source de mauvaise combustion.
Un perfectionnement possible des bougies d’allumage consiste à réaliser une électrode centrale avec une entaille en « V ». Grâce à cette réalisation, l’arc électrique ne se forme pas au centre de l’électrode mais à sa périphérie, ce qui améliore la combustion des gaz.
Afin d’améliorer la combustion lors des démarrages à froid, certaines bougies sont munies d’un entrefer auxiliaire. Lorsque la bougie est encrassée, l’arc électrique ne peut plus se former entre l’électrode centrale et l’électrode de masse, si bien que le courant n’a d’autre choix que passer dans l’isolant. L’ajout d’un entrefer sur le culot au niveau de l’isolant permet ainsi la formation d’un arc électrique entre l’isolant et l’entrefer. Lorsque le moteur est chaud, les dépôts qui encrassent l’électrode de masse sont brûlés et la bougie fonctionne à nouveau « normalement ».
Les bougies d’allumage semi-surfaciques permettent également de résoudre le problème précédent. En effet, les électrodes de masse ne sont pas placées au-dessus de l’électrode centrale, mais sur le côté. Grâce à cette position des électrodes, l’étincelle parvient à jaillir de la base de l’électrode centrale, au niveau de l’isolant. Les dépôts susceptibles de s’être formés sont alors brûlés par l’arc électrique.

Aspect des bougies

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Couple de serrage des bougies d’allumage

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Bougie d’allumage de Wikipédia en français (auteurs)
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